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Elisa Jouannet

Photo du rédacteurElisa Jouannet

Yoga et maladies auto-immunes (Ma belle santé)

J'ai été invitée par mon amie Caroline Lepinteur, naturopathe et auteure, à rédiger un article traitant de la relation entre Yoga et maladies auto-immunes. Je vous le partage ici, belle lecture ! :)


Une étude publiée en 20211 souligne que près de 80 % des personnes atteintes de maladies auto-immunes sont des femmes. Pourquoi? Comment ? Que se passe-t-il réellement en nous et à quel niveau le Yoga peut-il nous accompagner dans cette expérience ?


Le Dr Gabor Maté2 dans ses impactant ouvrages et présentations publiques affirme le lien – aujourd’hui largement prouvé, entre trauma(s) vécu(s) dans l’enfance et propension aux maladies. Selon lui, le sentiment de honte, les émotions accumulées et non processées affectent considérablement le développement du cerveau de l’adulte en devenir (la modulation cérébrales, la perspicacité, l’auto-régulation et d’autres circuits neuronaux sont impactés). Les conséquences d’expériences traumatiques amènent des sentiments divers tels que : ne pas appartenir, insécurité, ne pas pouvoir avoir confiance ou trop croire en d’autres personnes (distorsions), entre autres.

De nombreuses études démontrent que même le stress vécu par la mère pendant la grossesse est transmis à l’embryon. Avant même de voir le jour, nos systèmes (nerveux, immunitaires) sont exposés à l’expérience du stress. La grande sensibilité des nouveaux-nés à sentir les adultes dont

ils/elles dépendent est profonde : le stress vécu par les pairs est également vécu par les enfants.

Gabor Maté continue en expliquant que les vecteurs de stress quotidiens imposés (inconsciemment, socialement, normativement) aux femmes sont conséquents : s’occuper des autres, la charge mentale, la suppression d’une « colère saine »3, ce qui pourrait expliquer la large majorité du genre a être atteint par diverses maladies auto-immunes – l’impact étant encore plus palpable pour les femmes de couleur.


Au-delà du genre ou des appartenance ethniques et sociales, nous remarquons bien que dans une société pleine de stresseurs (isolation, pertubateurs endocriniens, manque de confiance en nos gouvernements, insécurité financière, conflits, opressions systémiques….), les opportunités de vivre des déséquilibres sont multiples et très élevées.

Aussi, nous savons que le stress diminue, dérange voire supprime la réponse immunitaire !

Pas étonnant d’observer le nombre croissant de maladies auto-immunes déclaré au XXIème siècle, les demandes d’adaptation à nos environnements étant de plus en plus stressants ne respectant pas les besoins vitaux de nos organismes, la survie est alors engagée. Très souvent. Trop souvent.


Mais alors, comment répondre à ces processus et à ces phénomènes ? Comment prendre soin de nous alors que le système lui-même ignore nos élans de vie ?


D’abord, avec compassion, nous pouvons écouter la souffrance et le vécu de chaque sujet/individu sans stigmatiser ou juger leurs comportements d’emblée ;l’addiction, par exemple, est tout de suite accusée alors qu’elle pourrait être considérée comme une adaptation intelligente à un environnement malsain, et pas le contraire…, la maladie aussi pourrait être perçue et considérée comme une réaction à des stimuli spécifiques et systémiques plutôt qu’à une incapacité à trouver l’équilibre. Krishnamurti nous disait déjà au siècle passé que « Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade. »4


Ensuite, de nombreuses ressources permettent de rétablir une fluidité émotionnelle (rappelons qu’une émotion est une expérience à la fois psychologique, somatique et physiologique libérant de nombreuses hormones qui peuvent stagner dans le corps si l’émotion n’est pas vécue et libérée).

Par exemple, la pratique du mouvement semble adaptée au besoin de circulation et d’évacuation de la charge émotionnelle hors des tissus : bouger, librement, consciemment, en laissant les articulations s’hydrater, trouver de la mobilité et de l’espace (ça tombe bien, le Yoga peut s’explorer par des postures appelées « asana » et des séquences de mouvements).

Aussi, la respiration et sa capacité à réduire l’inflammation corporelle peut permettre une régulation et un apaisement des douleurs ou des sensations d’inconfort liées aux symptômes des maladies auto-immune.

Ensuite, écouter SES besoins sans se forcer à suivre une chorégraphie ou un programme (alimentaire, sportif…) permet de réclamer son agentivité et sa souveraineté, contrairement au conditionnements sociaux, nous pouvons alors sortir des carcans et se réapproprier nos actions, nos choix, nos comportements. Dans les cours de Yoga (en groupe, individuel ou chez vous), essayez de porter attention à ce qui fait du bien dans le corps, ce qui vous semble ‘juste’ pour vous et d’aller dans le plaisir, dans le respect de chaque anatomie : singularité avant l’homogénéité.

Poser ses limites et apprendre à refuser, à dire ‘non’ est également une capacité grandement libératrice et permettant de nourrir nos espaces, nos rythmes plutôt que de subir les comportements qui ne nous correspondent pas !

Le Yoga nous invite aussi à ne pas nous attacher trop ardemment à nos possessions, nos relations ou même à nos corps, puisque tout finit par passer et se terminer un jour, autant vivre la vie pleinement même si certain.es n’apprécient pas nos changements (plus facile à dire qu’à faire, je sais…) !

Les émotions d’ailleurs ne sont que des émotions : elles ne sont pas ce que nous sommes. Nous SOMMES la conscience qui fait l’expérience des sentiments et sensations, qui observe, qui expérimente le moment. Donc, avec suffisamment de ressources et de soutien, nous pouvons sur nos tapis de yoga ou en thérapie, aller rencontrer, écouter, intégrer nos émotions pour ce qu’elles ont à nous apprendre. Il en va de même pour nos pensées, nos douleurs ou nos croyances ! Tout n’est qu’expérience selon les philosophies du Yoga. La peur aussi.. avec curiosité et compassion.

Finalement, deux conceptions yogiques peuvent être soutenantes pour naviguer la maladie :

la spiritualité : la conscience que nous existons dans un système qui nous dépasse, et le contentement : accepter les choses telles qu’elles sont tout en travaillant pour atteindre ce que nous voulons. L’une nous rappelle que les réponses n’existent pas que dans les données scientifiques quantifiables, que tout est UN, relié, entremêlé dans une universalité aussi rassurante que troublante (toutes les personnes souffrantes partagent des sensations similaires tout en étant uniques et singulères). L’autre nous invite à accueillir la maladie comme une opportunité de croissance, de ralentir peut-être, de soin, d’apprentissage de soi et de réajustement…


Pour conclure cet article, je voudrais vous partager avec douceur et tendresse que chaque modalité thérapeutique (Yoga y compris) nous rappelle la différence fondamentale entre être responsable comme coupable et être response-able, de l’anglais ‘able to respnd’ : apte à répondre. Nos corps sont brillants, pertinents, dotés de grande intelligence et nous informe en permanence de tout ce qui nous traverse. Aussi, en prenant la responsabilité de les écouter, nous pouvons transformer la souffrance en ouverture au Monde et à Soi – sans ignorer la pénibilité de l’expérience, mais en y trouvant aussi des sources d’émerveillement et de reliance à l’Humanité.

Et tout ça, c’est du Yoga.


Chaleureusement

Elisa Jouannet


contact.elisajouannet@gmail.com

@elisajouannet



Photo Charly Bonzonino Production

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