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Elisa Jouannet

Photo du rédacteurElisa Jouannet

Le cycle émotionnel et sa rupture

Pendant un instant, ralentissez, sentez le support sous vos pieds ou vos fessiers, sentez le contact entre la terre et vous, et entre vous et la terre.

Maintenant, imaginez, dans une savane aride et ensoleillée, une antilope, tranquille, broutant sereinement quelques rares brins d'herbe sèche. Son état de stress,

de vigilance, est proche de zéro. Elle est là, à manger, ne e souciant rien d'autre.

Soudain, un bruit dans le feuillage, tout proche ; elle écoute, attentive. Son corps commence à accélérer, elle relève la tête, ses oreilles se tournent en direction du bruit. Elle est sur QUI-VIVE : prête à sauver sa peau si la menace de présente.

C'est alors qu'une course pour la survie s'amorce entre notre antilope et son assaillante : une lionne en quête d'un repas pour elle et ses lionceaux. L'état de tranquillité de l'antilope s'est transformé en une alerte générale, une accélération phénoménale et nécessaire pour échapper à l'attaque. Fuir. Courir. Sauver sa peau.

La rapidité de la lionne lui permet d'attraper l'antilope, la faisant tomber, crocs acérés autour du cou sa proie, la lionne a le dessus. Au sol, l'antilope s'arrête de bouger,

les yeux vides, immobiles, le corps comme figé, presque-déjà-morte. Tous les signaux sont au ralentis, le métabolisme se met en pause. La lionne lâche alors sa proie pour aller chercher ses petits et commencer le dîner. L'antilope est-elle réellement "morte" ? En fait, c'est à ce moment-là, opportun, que celle-ci se ré-active, se ré-amorce en profitant de l'absence de l'assaillante pour repartir! Feindre de mourir pour ensuite s'échapper de nouveau! quel brio!


Jusqu'ici, nous pourrions comparer cette attitude de survie à des mécanismes que nous faisons nous aussi, humain.e.s. Même en jouant, à cache-cache, tapis derrière un arbre ou sous le lit, on retient son souffle pour ne pas être remarqué et ainsi gagner la partie. Ou encore dans le métro, lorsqu'une personne qui nous semble menaçante, "pas nette" nous regarde, on change de place ? On l'ignore ? On sent le corps se tendre, prête à l'envoyer balader, mais on reste calme, immobile, en tout cas en apparence.

En apparence parce qu'en nous, tout bouillonne. Comme l'antilope qui décuple ses capacités respiratoires pour oxygéner ses muscles et organes pendant la course, nos fonctions vitales sont elles-aussi en alertes, activées, sollicitées...


Mais ce qui diffère entre l'antilope et nous, c'est que dans notre récit, pendant que la lionne est partie pour ramener ses petits, l'antilope profite de cette absence pour secouer, littéralement, laisser tout son corps trembler avant de se remettre en mouvement. Et c'est cela, la différence : tout ce que le corps de l'animal a gardé en mémoire pendant cette feinte (envie de taper, envie de faire du bruit, envie de bouger ou de se débattre) et qui aurait voulu être exprimé pendant cette immobilité forcée (lorsque la lionne la tenait par le cou) est d'abord libéré avant de revenir à la "normale". Plus clairement : toutes l'énergie que l'animal a bloqué pour faire semblant d'être morte (parce que rappelez-vous, pendant la course initiale son cœur battait très vite et tous son corps était en mode speedy-gonzalez), l'antilope la laisse d'abord finir son cycle avant de repartir dans un endroit sécure et ainsi, retrouver la tranquillité du début, à brouter ou se reposer. Cette transition, ce moment-clé, lui permet de ne pas garder en mémoire le stress, la peur, le "si j'avais pu j'aurais..." et d'ainsi retrouver ses fonctions vitales normales : croissance, régénération.


Et nous alors ?

Malheureusement, nous restons bien souvent dans le mode figé par peur de blesser, de choquer, de heurter ou d'être rejété.e par les autres puisque tout comportement sortant de la norme de bienséance est considéré comme déplacé et donc puni ; soit par la loi, soit pas le mépris et l'humiliation de nos congénères..., dans les deux cas, parce que nous avons cruellement besoin des autres, nous choisissons INCONSCIEMMENT, d'ignorer nos instincts (ici peut-être crier si quelqu'un nous insulte, taper, demander de l'aide ou encore fuir) ce qui enferme le stress dans nos systèmes : parce que nous n'allons pas jusqu'au bout de nos actions instinctives (parfois violentes), le corps ne libère pas la charge d'énergie, elle reste coincée en nous et nous brûle de l'intérieur...


Tout ça, mène à des schémas de pensées, de comportements et même à des maladies, nous en parlerons dans nos prochains posts!!


Ce processus a été longuement observé par le Dr Peter Levin qui a mis au point la méthode de résolution du trauma (ou ici remise en circulation de cette énergie bloquée), qu'il a appelé Somatic Exeperiencing!

Cette modalité de guérison nous permet de retrouver de la fluidité dans nos systèmes nerveux, c'est assez magique, puissant, et je vous en reparle la semaine prochaine!! :)



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