Il semble frappant de constater oh combien les Humain.es d'aujourd'hui se sentent séparé.es, déconnecté.es de la dite "Nature", des autres espèces ou règnes.
Le manque de connaissances transmises à l'école, mais aussi l'éloignement physique quotidien : la moitié des personnes vivent en ville à l'échelle mondiale et 81,5% en France!
Cette distance se traduit aussi au niveau culturel, dans nos expressions, nos manières de traduire le vivant : être "un légume" pour évoquer une activité lente voire léthargique comme si les légumes ne vivaient pas, ne produisaient pas suffisamment ou assez vite. Une personne qui ne 'fait rien' pour recevoir une critique telle que "tu végètes" faisant référence à une perception encore une fois péjorative des végétaux associée à l'inactivité, inadaptés au système capitaliste productif.
Certains botanistes (dont Francis Hallé) ont même décrit le concept de cécité botanique pour désigner l'ignorance des humain.es vis-à-vis du vivant, comme si dans une fôret primaire, luxuriante, pleine de végétaux et de champignons, l'oeil humain n'était attiré que par le mouvement des proies ou prédateurs : de la faune! La flore est reléguée au deuxième plan, comme moins perceptible, importante, ou à laquelle nous pouvons moins nous identifier/nous relier.
Catherine Lenne, biologiste professeure à Clermont-Ferrand accuse un philosophie de l'Antiquité de cette vision négative du végétal, dans cette interview elle nous dit :
Le responsable est né il y a 24 siècles. C’est Aristote ! Au IVe siècle avant J.-C., dans sa description du monde, il décrit trois niveaux d’âme – son ouvrage s’appelle De anima, « De l’âme » – et les hiérarchise. Tout en bas, l’âme nutritive, dite aussi végétative, dont sont dotées les plantes ; mais elles n’ont que celle-là. Juste au dessus, les animaux, qui en plus ont une âme sensitive, leur permettant de percevoir à travers les organes des sens, d’avoir une vie de relations. Et enfin tout en haut, l’humanité, avec en sus l’âme intellective dont elle a l’exclusivité, qui lui permet de réfléchir et d’agir.
En Occident, ce biais cognitif adopté comme vision culturelle amène des comportements dont l'impact envers l'environnement est fortement dégradant (modes de consommation, peurs associés aux éléments naturels, hiérarchisation, marchandisation...).
Le changement de paradigme est en marche, autant pour notre survie que par amour de la vie ; mais le chemin est long.
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