Depuis les années 1960, 1970, l'engouement pour le développement personnel et les techniques d'évolution personnelle/spirituelle sont de plus en plus prisées par nos sociétés occidentales contemporaines, parfois au détriment même de notre bonheur.
Mais comment est-ce possible qu'essayer d'aller bien aie l'effet inverse sur nous ?
En fait, ces tendances nous poussent à rejeter ce qui "ne va pas chez nous", jusqu'à croire que nous sommes malades et avons besoin de traitement, jusqu'à cacher nos parts d'ombre, cultiver la honte autour d'elles et s'isoler dans ses tourments.
Loin de réunir et d'inviter à l'accueil de nos vulnérabilités, la mode du développement personnel et de la pensée positive véhiculent d'énormes pressions au niveau individuel comme collectif.
La philosophie Alenka Zupanic a même conceptualisé le terme de biomorale :
"Le pessimisme, le regret, l'instastifaction, la tristesse sont des sentiments qui tendent à être envisagés comme des fautes morales - pire, comme le signe que nous sommes corrompus de l'intérieur, au plus profond de nous-mêmes. Ce phénomène qu'on pourrait appeler biomorale (ou moralité des sentiments et des émotions et qui a pris une ampleur considérable, repose sur l'axiome fondamental suivant : une personne qui se sent bien (et qui est heureuse) est une bonne personne ; à l'inverse, une personne qui se sent mal est une mauvaise personne."
On comprend ici que les émotions sont segmentées en deux parties : les "bonnes, acceptables, socialement correctes ou positives" et les "mauvaises, sales, négatives voire dangereuses". Via les médias et normes sociales, nous nous divisons de l'intérieur, au sein même de nos ressentis. L'élan de cacher sous le tapis ce que les autres ne veulent pas voir ou ne sont pas prêt.es à écouter nous pousse à rejeter, à dissocier, à supprimer nos émotions. Une pression constante et principalement inconsciente "d'aller bien".
"Aller, c'est pas si grave, ya pire dans le monde."
"Roh ça va, arrête de te plaindre." et j'en passe !
Comment prétendre à un état de bonheur durable si nous devons, pour l'atteindre, ignorer une (grande) partie de nos nuances émotionnelles ? C'est comme essayer d'avancer en laisser un côté du corps invisible...
Contrairement à l'injonction du bonheur et des émotions positives fortement ancrée dans les yoga contemporains, j'invite à se souvenir de l'idée d'Union, de réunion, de conscience que les polarités ne sont pas opposées mais complémentaires.
Pratiquons du yoga en en honorant les concepts basiques : tout est UN, tout est éphémère, les deux existent en toute chose.
Alors si vous ressentez de la joie ET de la tristesse, c'est ok. c'est normal.
Si vous ressentez des tensions ET du confort dans le corps, c'est ok. C'est normal.
Si certaines de vos pensées sont douces ET d'autres sont pénibles, c'est ok. C'est normal.
En fait, c'est notre système qui ne l'est pas, normal.
Changeons-le, inspirons-le.
Avec amour
Elisa
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